Auteur/autrice : pregra66

  • Corot et Barbizon

    Une anecdote concernant Le frère du nouveau président de la République est contée par M. Ziem, l’excellent peintre, à un de nos confrère.

    Le frère de M. Casimir-Perier état en relations suivies avec Corot. Il vint, un jour de 1875, le trouver À Barbizon, an moment où le grand artiste mettait la dernière main à sa Biblis (des Nymphes dans les bois, au Soleil Couchant). Enthousiasmé de cette œuvre, où Ia poésie du sujet le disputait à la science du peintre, il voulut s’en rendre acquéreur :

    « Je vous cède ma toile, dit l’artiste, à une condition, c’est que vous payez le boucher où le boulanger de mon ami de mon ami Millet.

    C’est convenu ! reprit M. Perier, un peu étonné de cette bizarre condition.
    Bien vite on alla réclamer, à Chailly, les notes des deux fournisseurs : L’une se montait à Vingt-deux mille francs et l’autre à vingt-quatre. Le crédit durait depuis douze ans.

    Perier paya sans sourciller. Son Corot lui revenait à quarante-six mille francs ! Aujourd’hui il vaudrait le triple 4 mais, du vivant de l’auteur, il ne valait pas quinze cents francs.

    Almanach en date du samedi 21 Décembre.

  • Charles Jacque

    M. Henri Fouquier a avoué ces curieux détails sur le peintre Charles Jacque.

    Fort âgé, le peintre Charles Jacque vient de mourir, en son joli hôtel du boulevard de Clichy, encombré de bibelots et de meubles rares. Il avait plus de quatre-vingts ans et travaillait encore. La fortune ne lui était venue que tard, à cinquante ans passés. Jusque-là il avait connu une vie pleine de traverses, il est vrai que cette fortune, au lieu de l’attendre dans son atelier, où elle se fût présentée sûrement plutôt il lui couvrait après par tous les chemins. D’abord graveur industriel, faisant des planches de géographie et de science, ce qui, d’ailleurs, ne nuisit pas à la connaissance technique de son métier, il s’était engagé dans l’armée, par un coup de tête, et y devint sergent.

    Au retour de cette belle équipée, il se maria avec une femme dont il eut trois fils, deux qui sont artistes, un qui fût fusillé sous la Commune et une fille, mariée à un peintre. Charles Jacque s’était installé dans le village de Barbizon, à côté du Bas-Bréau, touchant à la plus belle partie de la forêt de Fontainebleau, encore quasiment vierge.

    Il avait, très intelligemment, flairé le développement que devait prendre Barbizon, devenu aujourd’hui station estivale. Il rêva d’y trouver la Fortune et se lança dans une foule d’entreprises, pas une ne réussit. Il n’avait pas d’esprit de suite, trop de fantaisie d’artiste. Les paysans roulèrent le Parisien de toutes les façons. Jacque commença par bâtir des maisons. Mais la bâtisse ne ne lui réussit pas. Il se fit ensuite agriculteur. Il planta des asperges dans les terrains sablonneux de Barbizon, très propices à cette culture. Mais il les vendait trois francs la botte et elles lui en coûtaient cinq. Il en alla de même de ses essais d’éleveur de poules superbes qui le ruinèrent. Mais au moins ces coqs de Houdan et ses cochinchinoises lui servirent de modèles et le peintre rattrapa ce que perdit l’éleveur. Un peu dégouté, Jacque quitta Barbizon pour venir à Paris. Et Ià il fit son métier de peintre, où il réussit admirablement, un commerce de meubles et d’étoffes qu’il n’avait pas complétement abandonné, à ces détails, il convient d’ajouter que Jacque était un artiste de grande valeur. Passionné de la nature, il s’attacha à la reproduire sous toutes ses formes. Mais il montra toujours une prédilection particulière pour les scènes agrestes et familières, qu’il excella à rendre avec le burin ou le pinceau.

    Nul mieux que lui ne sut présenter les intérieurs des basses-cours, les parcs de mouton, les animaux domestiques. On lui doit dans ce genre plusieurs tableaux célèbres et un très grand nombre d’eaux fortes qui se distinguent par la vigueur du dessin et la bonne distribution de la lumière. Charles Jacque avait obtenu différentes médailles au Salon et avait été nommé chevalier de la Légion d’honneur en 1867.

    Almanach Mercredi 27 Février.

  • Hôtels, Restaurants et autres établissements

    A Barbizon depuis celle qui devint l’auberge Ganne, il y a une profusion d’établissements pour boire, manger et dormir, certains ont réussis à exister jusqu’à nos jours d’autres n’ont pas eu cette chance. 

    Hôtel Bellevue, cet hôtel fut à l’origine une pension de famille monté par la famille Bouvard venue du 91, qui aussi fut attirée par l’arrivée du tramway et de ces nombres visiteurs. Cet hôtel s’agrandit de façon incroyable puisque les Bouvard construisirent deux pavillons sur la parcelle de terrain, puis un autre pavillon en face sur la rue Rousseau, un café situé à l’entrée de la rue des Charmettes et  enfin reprirent l’établissement de l’Angélus pour en faire un restaurant, de  nos jours les divers établissement sont transformés en résidences ou bien ont changé de nom; l’hôtel devient le Manoir Saint Herem, le café changea de propriétaires avant de devenir la Bohème aujourd’hui.

     la Broche, restaurant monté par la Famille Siron après son départ de la Grande rue 

    Cafés et autres 

    Les Charmettes

    texte d'une annonce paru dans le journal Le Gaulois 1868 sur Schaller  les Charmettes
    Annonce dans Le Gaulois 1868

    Hôtel de la Clé d’or

    l’Hôtel de l’Exposition ou Siron

    l’hôtel de la Forêt

    les Pléiades

    la pension de famille « Bouvard »

    la pension de famille Toulouse

    la pension de famille « Le Nid »

    Le grand veneur

    Au Bon Coin

    Au bon Coin, ce commerce était située à l’angle de la rue de Fleury et du CD 64, il a connu plusieurs dirigeants mais n’a pas survécu  à l’arrivée du tramway et de la voiture, trop près de la route peut être. Il est connu depuis 1836 sous le nom du propriétaire comme cabarretier.

    les Alouettes

    Ce commerce situé à l’angle des rues Antoine Barye et du puits su cormier, est plus  récent, toujours présent de nos jours.

    le Bas-Bréau 

     Cet hôtel-restaurant se tient à la place de l’hôtel de l’exposition ou  hôtel Siron, du nom de l’ancienne famille qui la créé avant qu’une partie de la famille rebaptisé La Broche, établissement  qui était  sur l’ancienne nationale 7, maintenant départementale 607, en face du Grand Veneur.

    La Flambée situé à coté du Bas Bréau était un restaurant au tarif unique offrant un repas de l’apéritif au café tout compris.

  • Alf Grand et le Tumble Inn.

    A coté de Bodmer et Talamon qui marquèrent fortement par leur pittoresque la physionomie de Barbizon avant et après la guerre de 1914, un troisième personnage mérite d’être nommé, qui a au moins autant de titres qu’eux à l’honneur d’une citation, et ce n’est certes pas  parce qu’il vit encore que je passerai sous silence Alf grand, le barman du Tumble Inn, célèbre dans les deux hémisphères pour son humour authentiquement new-yorkais, son cynisme et la variété de ses cocktails. Bien qu’il jargonne en français, je trouve généralement plus simple de rire de ses plaisanteries que de faire pour les comprendre des efforts qui seraient perdus. Ses propos constituent un véritable grimoire que j’ai pourtant fini par  déchiffrer tant  bien que mal et dont j’ai retenu quelques brides. Né à Londres en 1874 d’une mère qui parlait  neuf langues, il avait neuf ans quand il quitta la capitale  britannique pour retrouver son oncle aux États-Unis. Sa bonne lui avait donné cinq livres comme argent de poche. Il disait avoir quatorze ans. D’abord, il travailla  dans une verrerie, puis il fut garçon de course dans un journal dont le propriétaire l’emmena en Europe. De retour en Amérique, il fut vendeur dans un magasin de nouveautés, puis acheteurs, puis coureur cycliste, puis hôtelier. Que faisait-il  à Santiago de Cuba en compagnie de Théodore Roosevelt ? Je n’en sais, ma foi, rien. Secrétaire d’un constructeur de navires en Europe, il perdit son patron, mourut de faim et le retrouva. Dénoncé à la police comme organisateur de combats de coq, il se mis à courir sur piste. En 1892, il tenait un bar à Asnières. En 1900, il connut le Colonel Cody et esquissa au cirque une assez jolie carrière d’acrobate. Le voilà maintenant de retour à New-York, maitre d’hôtel, intendant d’un riche banquier, professeur d’équitation et de boxe des enfants du président Roosevelt, barman lauréat d’un concours de cocktails, etc. En 1905 il est loueur de vélo Barbizon, et c’est alors que je le connus. Dans l’arrière boutique, il secouait des cocktails pour lesquels ses clients apportaient leurs alcools. En 1912, le peintre Masson le prit comme associé à l’Hôtel de la Forêt. Son exploit le plus remarquable à cette époque de sa vie fur le meurtre d’un lion échappé d’une petite ferme que le cirque Hagenbeck avait loué près d’Arbonne. Le lendemain, le Daily Mail et le New York Herald annonceront qu’il y aurait du lion à manger à l’Hôtel de la Forêt, mais la vérité oblige à dire que ce ne fut pas un succès.

    Une clientèle cosmopolite extrêmement brillante est venue s’assoir sur les tabourets  et les inconfortables banquettes de Gran, dans son bar qui semble avoir été aménagé par un metteur en scène d’Hollywood pour un film du Far West, en collaboration avec Frédé du Lapin Argile. On a vu défiler dans ce singulier endroit tout retentissant des claironnants éclats de rire du patron, Fany Ward, Pearl White, les Dolly Sisters, le fils Roosevelt et combien d’autres ! Grand y verrait surgir Staline et Churchill sans donner le moindre signe d’étonnement. Rien ne le démonte, rien ne le surprend. Une seule chose l’attriste, c’est  de boire seul; aussi a-t-il accroché derrière son comptoir une grande glace vers laquelle il se retourne en l’absence de ses clients et qui lui donne l’illusion d’voir en face de lui un partenaire capable de lui tenir tête indéfiniment le verre en main. Est-il nécessaire d’ajouter qu’Alf Grand sourit pour le jeu une passion sans laquelle il manquerait à sa large et rouge figure un trait essentiel ? Un jour il partit pour le Yorkshire afin d’en ramener un cochon, in en revint juste avec sa chemise; il avait perdu au poker le cochon et l’argent qui lui restait.

    Mais c’est d’un livre que la vie de Grand fournirait la matière d’un livre que lui seul pourrait écrire et qu’il devra se concentrer de dicter à quelque porte ou journaliste américain.

    Tiré du livre Les beaux jours de Barbizon d’André Billy 1947 Éditions du Pavois.

    Article traduit de l’anglais tiré d’un journal source non fourni.

    Giselle et Jack Goux.

     Giselle était la fille du Grand Alf, le propriétaire à Barbizon de l’American Bar. Elle avait environ vingt-huit ans et parlait parfaitement anglais, car son père était né en Angleterre avant qu’il ne devienne un Français naturalisé après son mariage avec une française. Alf Grand avait bien plus de soixante ans. Il était né dans un quartier Cockney de Londres et avait conservé son accent cockney et de manière tout au long de sa carrière variée dans plusieurs pays. Alf, qui était petit, très gras, et trapu, regardé comme le parfait barman anglais quand il se tenait derrière son bar dans une chambre qui avait été fixé avec des tables rustiques et contenait une tête de cerf au dessus de sa grande cheminée ouverte. Sa femme était une noble française prospectifs dont la dignité et le raffinement étaient en contraste frappant avec son mari « rough-and-tumble ». Elle était affectueuse et joyeuse et jamais ne perdait courage, comme elle a supervisé la place, marcher bien sur habillée et très bien la dame avec ses beaux cheveux blancs . À l’âge de neuf ans, Alf Grande avait émigré dans un tramp à Philadelphie, où son frère était chef de la police depuis quelques années. Alf faisait de fréquents voyages vers la France dans l’équipage de clochard vapeurs, et sur l’un d’eux, il a rencontré  Louise, son épouse. Ils ont couru la boutique d’un traiteur à Washington DC, avant la dernière guerre, et plus tard, il a réussi  dans un grand hôtel dans le nord de l’Écosse. Après que le Luisitania a été coulé en mai 1915, tous les étrangers ont dû quitter cette côte de l’Écosse, et Alf, qui a ensuite été naturalisé américain, se rend en France. Il a servi avec l’armée américaine dans la dernière guerre et est devenu ensuite un citoyen français, afin qu’il puisse devenir propriétaire de l’Hôtel de la Forêt à Barbizon. Plus tard, il a pris l’emplacement dans le centre du village, résistant pendant toute l’occupation allemande,  avec son insigne proclamant fièrement « Alf  American Bar Grand ». Les Photographies de Kermit Roosevelt,  les Dolly Sisters, et  d’autres célébrités assorties identifier ornaient les murs. Les Officiers nazis fréquentaient l’endroit, et même le Général Stûlpnagel, gouverneur militaire de Paris, était parfois avec le patron. Mme Grande, qui n’a jamais  abandonné l’espoir de la victoire sur les Allemands, insultait ouvertement et discutait avec Stûlpnagel, qu’il ne  doit pas penser que l’histoire allait se répéter comme la guerre de 1870. Elle était une ardente Gaulliste, tout comme son mari, sa fille Giselle, et son gendre, Jack.

  • Stamani Bulgari

    FORÊT DE FONTAINEBLEAU, souvenir de Stalava Bulgari.

        Le temps le plus heureux de ma vie fut celui de mes promenades pittoresques dans la forêt de Fontainebleau. Loin des grandes cités et de leurs bruyant plaisirs, loin des factions des mauvais citoyens et hors des ateliers de peinture si rétrécis et si malsains, je respirais l’air pur et aromatique de cette forêt riche et variée, qu’habitent la tendre colombe, le sautillant écureuil et la biche à la course légère.

    On n’est assujéti dans ce vaste atelier ni aux fausses règles de la routine, ni aux caprices des modèles imparfaits ; on a pour guides et pour modèles les chefs-d’œuvre de la nature qui ne trompent jamais.

        Ce fut à la fin du mois de juillet 1821, que j’arrivai au village de Chailly, situé près de la forêt : après m’être assuré d’une chambre dans une auberge où étaient logés plusieurs paysagistes, je continuai ma route avec un de ces jeunes artistes qui allait y joindre ses camarades. Son costume avait quelque chose de bizarre et de curieux : un grand chapeau rabattu ombrageait son front et couvrait ses longs cheveux, une blouse de toile grise lui servait d’habit et de torche-pinceaux; des guêtres de même étoffe et une chaussure urinée de gros clous garantissaient ses jambes grêles et ses pieds délicats; à sa vieille ceinture bigarrée étaient enfilés les bâtons de sa chaise de campagne; d’une main il tenait une grande toile à peindre, de J’autre une pique pour assujétie son parasol lorsqu’il peignait ; il portait sur le dos en guise de havresac une boite à couleurs et un chevalet. Ce fantasque accoutrement attirait le long du chemin les regards des voyageurs, et donnait lieu à des saillies aussi piquantes que gaies.

    En entrant dans la forêt on voit de chaque côté de la roule qui la traverse de grandes masses d’arbres de haute futaie; leurs belles percées qui se prolongent à perte de vue ressemblent à des portiques, et les branches des hêtres et des chênes qui les bordent, à des festons et à des guirlandes; ces balançoires des nymphes et des sylvains ne rappellent pas les divinités barbares auxquelles cette forêt était consacrée, non plus qu’aucun des rochers qui la couronnent ne retrace le souvenir de cet autel affreux sur lequel les druides accomplissaient leurs sacrifices humains.

        Ami de la solitude et des charmes du passé, je pénétrai dans un massif de vieux chênes du Bas-Bréau pour y rêver a loisir tant l’antiquité de ces arbres prophétiques, l’épaisseur de leur feuillages, et le silence profond qui y régnait, me rappelèrent la forêt de Dodone, voisine de Corcyre ma patrie. Le doux souvenir de cette forêt sacrée dont jadis mes pas avaient foulé le sol, remplit mon âme d’un sentiment méditatif et religieux.

    Portant alors mes pas au hasard je me trouvai dans un espace vide occasionné par la chute d’un chêne couronné de lierre. La vue de ce majestueux et colossal cadavre abattu par la violence des vents conjurés fut pour moi l’image de Napoléon, dont la puissance expira au milieu de cette même forêt.

    Sorti de cette emblématique futaie, une autre scène non moins grave frappa mes sens encore émus; des sables brûlants éblouissaient ma vue; des rochers entassés les uns sur les autres occupaient mon esprit, et l’aspect sauvage  des gorges d’Apremont fit sur moi une vive impression; en avançant dans ce repaire de reptiles et de hiboux, j’entendis le sifflement de la vipère et le cri sinistre de ces oiseaux lugubres qui ne se plaisent que dans les ruines et sur les tombeaux ; en effet, le bouleversement et l’entassement de ces rocs les font ressembler à des ruines ; et leurs longues traînées qui se dirigent du nord au midi, indiquent les traces d’un cataclysme et de la retraite des eaux. Revenu de ma surprise et de mes rêveries, je quittai les gorges d’Apremont pour visiter un vieux chêne dont la couleur, la forme et la vétusté font l’admiration des artistes et l’ornement de la forêt. C’était à l’ombre de ce patriarche des bois, surnommé la reine Blanche, que nous prenions, les jeunes peintres auxquels je m’étais associé et moi, nos repas du matin, et que nous vidions en l’honneur de son antiquité, quelques coupes de vin. Après la collation nous reprenions nos palettes sous l’épais et frais ombrage des chênes et des ormeaux où la bruyère fleurie exhalait ses parfums, et la mousse et la tendre fougère s’offraient pour lit de repos. Le temps s’écoulait rapidement, et l’approche de la nuit si fertile en pittoresques effets, venait suspendre nos travaux pour nous présenter des teintes plus douces et des tableaux plus pathétiques, plus mystérieux.

    Les ombres couvraient graduellement la forêt, les derniers rayons du soleil qui en doraient la cime, coloraient l’horizon; le daim craintif s’élançait avec confiance dans la clairière; on entendait le sanglier dans le fond du bois, broyer lo gland, de set dents tranchantes ; le rusé renard attendait que le lapin, sortant de son terrier, vint lui offrir sa proie ; la tourterelle faisait entendre ses longs roucoulements, et l’écureuil espiègle, sautant du branche en branche, venait jouer jusqu’auprès de nous. On voyait auui au sommet des rochers paraître sous un ciel enflammé la biche amoureuse, et à son côté le cerf préféré ; de loin suivait en bramant celui dont elle repoussait les feux. Ces admirables scènes s’évanouissant dans les ombres comme les météores se perdent dans les deux, nous quittions alors les pinceaux, et reprenions le chemin du village en adressant des hymnes agrestes aux divinités des bois.

    A peine arrivés au logis, quoique nos premiers regards s’arrêtassent sur la jolie fille de notre hôtesse, comme la beauté n’a pas la vertu d’apaiser la faim qui presse, nous demandions à grands cris le souper. A peine servis, les viandes disparaissaient de la table comme par enchantement, les autres mets n’y figuraient pas plus long-temps , Pomone, malgré sa prodigalité, était toujours à court; le vin, quoique versé avec mesure, opérant son merveilleux effet, nous rendait discoureurs et savants; les uns s’entretenaient des arts et de ia beauté, les autres que le doux nectar avait échauffés le plus, se croyant aux portiques d’Athènes et sur l’Hélicon, philosophaient comme des Socrate et chantaient comme des Anacréon.

    Tels sont les souvenirs de la vie douce et animée que je passai, avec les jeunes artistes, dans les solitudes délicieuses que chérissait François 1er, et qui réunissent le charme des plus beaux sites aux avantages de la salubrité.

    l’Angelus, cet établissement est né de la volonté des habitants de la maison formant une ferme qui ont vu avec l’arrivée du tramway l’occasion de changer de condition, malheureusement, celui ci ne dura pas et le nom fut repris par la famille Bouvard qui l’installa à sa place actuelle, à l’origine il était situé au 64, Grande rue.

  • Lettre à Ferdinand Chaigneau

    Paris le 9 novembre 1870

    Monsieur le Président,

    Craignant que les Prussiens ne répandent dans vos communes les bruits les plus sinistres sur ce qui se passe à Paris, je crois bien faire de vous informer des événements qui ont un peu agité la ville depuis dix jours. On vous a dit peut-être que la Commune révolutionnaire règne sur Paris avec Blanqui et Falain ? Pyat pour ministres et Flaurazins pour généralissime. La vérité est, que les personnages susdits ayant éprouvé l’irrésistible besoin de faire parler d’eux et surtout de bien boire et de bien manger aux frais de l’Hôtel de Ville, ont trouvé, bon lundi dernier de se promener sur les tables, de briser les fauteuils et de jeter des bouts de papiers portant leurs noms par toutes les fenêtres, pendant que les plus forcenés gardaient à notre brave et honnête gouvernement Ajusté plusieurs fois Trochon a été effleuré par une balle. Il a eu la patience et la sagesse admirable d’attendre et de se fier au patriotisme de la garde nationale qui l’a délivré, sans qu’une goutte de sang n’ait été versée. Les braves tir… ailleurs de Flaurens se sont enfuis penauds et tremblants, les uns jetant leurs armes, pendant que leur vaillant chef oubliait son cheval. La chose a duré jusqu’à 2 heures du matin, heure à laquelle Tronchin a pu passer en revue 8 000 gardes nationaux accourus à son appel. On avait battu la générale de 8 heures à minuit, papa était parti comme vous pensez bien, voir le premier, jugez la jolie nuit que nous avons passée là, grâce à messieurs les commis vineux. Nous avons eu l’occasion d’apprendre dimanche par un prisonnier comme Fontainebleau est bien meublé. Quatre régiments de la garde ! Quelle chance mes seigneurs ! On vous fait bien de l’honneur et grande doit être votre satisfaction ; aussi votre abondance de vivre est facile à comprendre quand on sait que vous êtes les fournisseurs principaux de Versailles. Nous avons été rassurés cependant sur le sort de votre ambulance ; il nous a été assure qu’on ne faisait pas de mal aux maisons pouvant prouver leur dépendance régularisée de la société il est seulement probable que vous vous êtes fort approvisionné de Prussiens, l’imprimé ci-contre comme en acte expressions des sentiments parisiens. Pour ma part je ne suis pas fâchée du tout qu’il n’y ait pas d’armistice, et bien des gens sont de mon avis heureusement. Car nous sommes pretou pour Fabius Lunctator l’aura prouve avec éclat. Un décret de ce matin mobilise toute la garde nationale. Les volontaires Inscrits et les célibataires sont assimilés à la garde mobile. Les autres formeront la réserve. Je suis sûre que vous regrettez de n’être pas resté à Paris, maintenant que la garde nationale un rôle si utile. La commission artistique vient de couvrir les murs d’affiche faisant appel aux artistes pour la loterie nationale et signée ; les délégués Moissinnier, Garnier, Baudry, Toulmonde, Bida, Chaigneau, Tcharkosky, au fond de votre nid à Prussiens, sinon président êtes vous content ?

    S’il y a dans votre commune des pauvres gens en peine de leurs enfants blessés et prisonniers, dites-leur de bonne source qu’ils sont tous bien traités en Allemagne ; et qu’à Paris ils sont soignés dans des ambulances par de grandes dames qui les regardent tous comme leurs enfants. C’est la vérité. Vraie. Je vois qu’il faut décidément renoncer à revoir Fontainebleau cette année. Nous nous consolons par l’espoir d’une fin telle que la justice peut la faire souhaiter. Vous comprenez n’est ce pas ? Si vous avez quelques choses à demander à l’ouverture des lignes, secours, médecins et suivant les événements à venir, je vous conseille d’adresser votre demande à M. Chanier ? Médecin chef au grand Hôtel, où se trouve maintenant l’ambulance principale. En attendant, bon courage et bonne chance, monsieur le président, mille amitiés de mes parents et salut fraternel.

    Contexte historique de cette lettre

    La Guerre.

    En octobre 1870, lorsque succédant à l’enthousiasme de la déclaration de guerre à la Prusse, nos premiers revers eurent affolé tous les esprits, j’étais depuis un mois au bord de la mer avec mes enfants. Pendant notre séjour dans le Calvados, les nouvelles étaient devenues, de jour en jour, de plus en plus mauvaises. Dans notre inquiétude, je fis le contraire de ce que firent beaucoup de gens, je voulus renter chez moi, pendant que quoique déjà à cette époque j’eusse l’âge d’être appelé sous les armes, je pourrais peut-être au moins protéger ma famille. Au lieu donc d’aller comme tant d’autres m’enfermer dans Paris, qui allait certainement supporter toutes les misères d’un siège, je voulus regagner Barbizon, où j’avais laissé de vieux parents.

    Arrivé à la gare de Lyon, à Paris, je trouvais cette gare encombrée de soldats et d’une telle quantité de monde, qu’on pouvait à peine ne pas s’égarer dans cette foule. Les trains ne partaient plus régulièrement, étaient tous réquisitionnés pour le transport des troupes, l’enregistrement des bagages ne se faisait pas facilement et nous nous voyions dans un grand embarras. Par un hasard providentiel, une chance tout à fait extraordinaire me fit reconnaître dans cette foule le voiturier qui faisait le service de Melun à Barbizon et qui était venu amener à Paris mon pauvre Prieur, qui devait y mourir. Ce voiturier nous ramena donc à Barbizon avec son omnibus, et, partis de Paris à six heures du soir, nous arrivions à Barbizon à minuit ; heureusement, car le lendemain les portes de Paris étaient fermées et notre départ fut devenu impossible.

    Quand nous arrivâmes dans notre village, des ordres étaient venus d’organiser une garde nationale, on faisait l’exercice sur la place de Chailly, on dressait des barricades sur les grandes routes de la forêt ; et, de temps en temps, on entendait au loin des explosions de mine qui prouvaient que l’on faisait sauter les ponts de la Seine.

    Cependant, on n’avait pas encore vu l’ennemi dans nos environs et on espérait toujours qu’un revers le forcerait à reprendre le chemin de la frontière. Comme on commençait à être sans nouvelles ; les imaginations allaient leur train et les bruits les plus contradictoires nous jetaient tantôt dans le désespoir, tantôt dans la joie.

    Millet avait quitté Barbizon, emmenant sa nombreuse famille dans son pays et Barye l’avait imité, en emmenant aussi les siens à Cherbourg. Ces deux familles vécurent là jusqu’à la fin de la guerre, en sécurité, il est vrai, mais dans l’inquiétude continuelle qu’entraînait l’absence de nouvelles, et sans savoir ce qui pouvait devenir leur installation à Barbizon. Tous les gens en état de porter les armes avaient pris du service. Gaston Lafenestre était lieutenant dans la garde mobile, où mon vieil ami Lombard, quoique ayant atteint la quarantaine était soldat.

    Je n’ai pas eu l’occasion de parler cet aimable homme, qui est encore aujourd’hui un fidèle barbizonnier ; je n’aurais eu qu’à en dire du bien, mais comme il a toujours vécu très retire, il a été moins que d’autres à la vie de notre village. Rien que le fait d’avoir, malgré son âge et sa dureté d’oreilles qui l’en dispensait, voulu s’engager dans la guerre, prouve combien c’est un homme de cœur.

    Toute la jeunesse de notre village était dans la garde mobile et avait été envoyée dans le midi de la France. Les gardes forestiers avaient été embrigadés et formaient un corps militaire qui avait été se joindre à la garnison de Paris.

    Mon ami de Penne, qui était un Bonapartiste convaincu, s’était engagé dans les zouaves de la Garde Impériale pour la durée de la guerre ; ce doit être pour lui un crève-cœur, quand au bout de si peu de temps les zouaves de la Garde Impériale passèrent dans d’autres régiments de la même arme, et qu’il n’eut plus d’impérial que les passementeries jaunes et les aigles des boutons de sa veste. Il passa tout le temps du siège aux avant-postes de Paris.

    Ceux qui restaient voulaient tâcher de se rendre utiles. Une garde nationale avait été formée et on montait la garde dans un poste installé dans une sorte de grange, jusqu’au jour qui, hélas ! Arriva bientôt, où voyant toute résistance impossible et cédant aux menaces de l’ennemi, on fut obligé de cacher les armes et tout l’appareil militaire.

    Laffitte, grand chasseur, possédait des fusils anglais d’un grand prix ; il crut avoir trouvé une bonne cachette en les confiants au directeur de la maison centrale de Melun, avant que les Prussiens ne fussent arrivés. Dès que ceux__ci furent installés dans la ville, leur premier soin fut de se faire remettre toutes les armes, et il est probable que les beaux fusils de Laffitte mettent maintenant à mort du gibier allemand.

    Ferdinand Chaigneau venait de faire bâtir une belle maison sur la route de Macherin, il sollicita l’autorisation d’y établir une ambulance, il l’obtint et l’on vit flotter le drapeau blanc de la convention de Genève.

    Chaigneau me demanda si je voulais m’adjoindre, à lui pour faire partie d’un petit comité destiné à l’organisation de cette ambulance, pour laquelle nous avions déjà Médecin et chirurgien. Étant donné l’éloignement actuel des troupes françaises, cette ambulance ne pouvait guère servir des blessés tombés dans les rencontres des Allemands et des francs-tireurs, et ne soigna jamais qu’un de ceux-ci atteint d’une bronchite.

    Comme les Allemands ne reconnaissaient pas les francs-tireurs Belligérants et les commissions régulières du gouvernement de la défense nationale, dont leurs officiers étaient munis, ils considèrent l’ambulance de Barbizon où, d’âpres la convention de Genève, on aurait bien soigné des blessés ennemis que français, comme repaire de francs tireurs.

    Quelques malheureux coups de feu tires sur des uhlans éclaireurs, avaient exaspéré les officiers allemands. Aussi les représailles étaient-elles exercées avec férocité, pour intimider les patriotes qui auraient eu quelque velléité de résistance ; un pauvre garde forestier nommé Chauveau, père d’une nombreuse famille, fut accroche par les pieds ç une branche d’arbre et fusillé ainsi, la tête en bas, à la suite de l’attaque d’un convoi qui avait eu lieu dans la forêt, sur le chemin de Bois le Roi.

    Les barricades qu’on avait faites sur les grand-routes de la foret, dans la folle prétention d’arrêter les mouvements de l’ennemi, avaient été, sur son ordre, détruites par ceux qui les avis construit et les abattis d’arbres qui les composaient, étaient transportés à Fontainebleau, pour le chauffage des corps de garde almanachs.

    Dans le village, les réquisitions de fourrage et de bestiaux étaient continuelles, et j’ai vu notre voisin pleurer quand on emmena sa vache que l’on faisait marcher à coups de plats de sabre.

    La terreur régnait, la misère était grande et l’humiliation d’être forcé d’accepter comme monnaient légale les thalers prussiens, faisait monter le rouge de la honte à plus d’un visage.

    À la suite d’une escarmouche qui avait eu lieu près du village de Bois le Roi, les ennemis fouillèrent les environs et trouvèrent, dans un poste de francs-tireurs, une lettre écrite par moi dans laquelle j’avertissais le commandant de la compagnie que s’il avait des blessés, il pouvait envoyer à l’ambulance de Barbizon.

    Le lendemain, Barbizon était envahi par une compagnie de troupe allemande, des bavarois coiffes de leur affreux casque de cuir surmontés d’une chenille noire. On n’en avait pas encore tant à la fois, car ordinairement ce n’étaient que des patrouilles et des reconnaissances de uhlans, faisant un service de police, qui traversait le village.

    Nous étions bien loin, à la maison, dans notre intérieur familial, de nous douter de ce qu’ils venaient faire ; on s’empressa de cacher une oie destinée c’est notre repas, et nous plaisantions en disant qu’ils ne l’auraient pas, quand un courageux habitant du village vint, ç son grand péril, me prévenir que j’eus à me cacher. Hélas, il n’était plus temps, les soldats entraient déjà dans la maison, on y faisait une perquisition et le lieutenant Meyer m’arrêtait en y mettant des formes, puisqu’il disait à ma mère et à ma pauvre femme tombée presque sans connaissance, qu’il était probable qu’on ne voulait pas me tuer. Cependant une autre escouade avait fait de même chez Chaigneau et sur l’ordre d’un capitaine on nous mit tous les deux au pied d’un mur. J’avoue que je crus un instant toucher à ma dernière minute, d’autant plus qu’un paysan criait à des femmes : » N’ayez pas peur des coups de fusil, c’est Chaigneau et Gassies qu’ils fusillent ! » C’était charmant.

    Enfin, ils prirent une décision et nous emmenèrent à Fontainebleau, l’un et l’autre entourés de soldats, mais séparent, l’un dans les premiers rangs de la colonne, l’autre, qui était moi, dans les derniers ; il faisait un froid cruel et la neige gelée rendait le sol très glissant pour mes galoches de bois, car on ne m’avait pas laissé le temps de me chausser, mais les coups de crosse me faisaient marcher tout de même, je ressentais que fatigue et le cœur manquait un peu, mais il faillait bien marcher quad même.

    Arrive à Fontainebleau, âpre un séjour dans un poste de soldats, on nous incarcéra dans la prison de la ville. Je laisse à penser quelle fut l’angoisse de cette nuit et l’émoi que nous causa le lendemain matin l’arrivée d’un e patrouille allemande qui nous prit dans ces rangs pour nous emmener nous ne savions où. À ce moment encore, je crus qu’on menait à la mort. Heureusement ce n’était que pour subir un interrogatoire qu’on conduisait près des officiers allemands.

    Nous passâmes six semaines en prison, avec la menace continuelle d’être fusillé. Nous l’aurions certainement été si les Allemands eussent eu affaire aux francs-tireurs dans notre voisinage ; heureusement pour nous, cela n’arriva pas et notre captivité ne fut pas trop cruelle, les premiers jours nous étions en cellule, sans feu, et il faisait très froid, mais deux ou trois jours pares on nous laissa passer la journée au greffe de la prison où il y avait bon feu et nous y fîmes d’interminables parties d » échecs. Nous n’étions pas les seuls otages, le maire de Bois le roi, M. Roux, maire de Nemours, le poète Léon Devauchelle et d’autres encore étaient comme nous prisonniers. M. Jules Claretie, l’éminent académicien, a publié quelque temps après cette malheureuse époque, un petit livre sous le titre de Héros et Martyrs, où il fait mention de cette malheureuse histoire, dans laquelle nous ne fumes pas des héros, mais nous aurions pu certainement être des martyrs, puisque nous étions des otages.

    Le séjour de la prison de Fontainebleau n’était pas gai, les aimables Prussiens qui nous gardaient nous montraient souvent leurs cartouches et nous disant, le sourire aux lèvres, quelles nous étaient destiné ; ils nous traitaient d’ailleurs comme des brigands.

    L’armistice était signé nous commencions à croire qu’on oubliait ; un des officiers allemands qui était par extraordinaire, un homme poli et bien élevé, se nommait M. de Pernitz, nous dit un jour que s’il ne recevait pas d’ordres du quartier général d’Orléans, il pouvait être probable qu’en se retirant les Allemands nous emmèneraient avec eux.

    Nous lui demandâmes de rappeler notre situation à son général, uniquement pour que notre dossier ne restât indéfiniment sous un presse papier, mais sans lui demander aucune grâce.

    Quelques jours plus tard, ayant sans doute reçu réponse du général Von der Thann, ce jeune officier vint lui-même nous annoncer joyeusement que nous étions libres. Nous lui demandâmes de nous permettre de finir notre partie d’échecs et nous le remerciâmes des égards que, seul, il avait eus pour nous pendant notre captivité. Quelques instants après, nous retraversions tous deux cette forêt plus gaiement que nous l’avions fait avec une escorte dont les fusils étaient chargés, le jour de notre arrestation. C’était le mardi gras de 1871, dans les premiers jours de mars ; nous avions été amènes à Fontainebleau le 18 janvier.

    L’armistice était signé, la paix probable, mais l’occupation était encore loin de finir et on avait encore à Barbizon la visite des Prussiens, seulement ils ne faisaient plus de réquisitions de guerre et pourvoyaient eux-mêmes à leur subsistance, on n’avait plus qu’à les loger, et ils ne se conduisaient pas trop mal chez l’habitant.

    Les derniers que nous fumes forcer de recevoir à Barbizon, y arriveraient le jour de la fête de leur Empereur, il y avait eu sans doute distribution extraordinaire d’eau-de-vie, aussi allèrent-t-ils, en chantant le Vache am Rein, dans les gorges d’âprement mettre le feu à ce qui restât du campement des francs-tireurs à la caverne à Tissier. Ce fut pour eux un feu de joie et ils ne furent pas trop désagréables au retour qui se fit aussi avec accompagnement de chants patriotiques, et nous n’en vîmes plus dans notre pauvre Barbizon.

    Après cette guerre fatale, éclata la guerre civile qui désola Paris, ce fut pour les aubergistes un moment de prospérité, tant il est vrai que ce qui fait le mal de l’un fait quelquefois le bien de l’autre. Tandis que Paris subissait les horreurs d’un second siège et que l’incendie dévorait ses plus beaux monuments, Barbizon était plein de gens qui avaient fui Paris, les auberges regorgeaient de monde et on avait peine à loger tous ces clients de passage, si bien que j’ai entendu cette parole échappée à la patronne d’un de ces hôtels : «  il faudrait que cela se renouvelât tous les ans ! »

    De Penne nous arrivâmes en zouave, il n’avait plus d’autres vêtements, et je l’hébergeai tant bien que mal chez moi en attendant de meilleurs jours. Je ne sais si d’autres peintres que nous deux eurent la chance de vendre de la peinture pendant cette atroce période de la Commune, mais parmi les émigrés de Paris se trouvaient quelques amateurs, notamment M.S. Hayem, qui m’acheta u effet d’hiver en forêt et un de ses amis qui se rendit qu’erreur de quelques aquarelles de Penne.

    Pendant les autres années qui suivirent, Barbizon reprit petit à petit sa vie ordinaire, les peintres se remirent à peindre, les chasseurs à chasser. M. O. Agada, autrefois chambellan de l’Impératrice. Croyant à un retour possible de Napoléon III, avait repris presque tout l’équipage de la vénerie Impériale pour la conserver et la rendre à son maître.

    De Penne, Gaston Lafenestre, Laffitte et moi continuâmes comme sous l’Empire à être invités aux destructions de biches qu’on faisait en forêt pour y restreindre le nombre des animaux

    Le vieux Barbizon, reprenait les allures d’autrefois, mais, après de pareilles secousses, le calme avait succédé aux folies de jeunesse dont j’ai peu être trop parlé à propos de la vie d’auberge des peintres, qui d’ailleurs étaient déjà devenus plus rares, quoique beaucoup d’artistes américains et quelques Anglais fréquentassent encore Barbizon. Millet, était revenu de Cherbourg et avait repris ses travaux interrompus ; Barye aussi s’était installé avec son aimable famille et nous avions renoué nos bonnes relations.

    Le pénible souvenir de la terrible période qu’on venait de traverser n’était plus que celui d’un cauchemar, et on recommença les bonnes journées de peinture dans la forêt, toujours belle, toujours la même, toujours hospitalière pour ses fidèles, toujours consolatrice sous la verdure de ses grands chênes. Que dire de ces années pleines de calme après la tempête de 1870 et 71 ?

    Le printemps de 1872 fut exceptionnellement superbe, comme jamais on n’en vit de pareil, il semblait qu’un sourire d’en haut était venu pour soulager les misères d’ici-bas.

    Chapitre tiré du livre Le vieux Barbizon. J.G. Gassies Hachette 1907.

  • Les Bodmer

    Tracé du voyage de l’expédition du Prince en Amérique

    La famille Bodmer originaire de Suisse, forma avec d’autres compatriotes une petite communauté d’habitants à Barbizon, Lauderer, plus tard la famille Schaller, Schwabe par exemple, et d’autres arrivés par connaissance ou par envie de travailler, ont apporté à Barbizon une part visible du village d’aujourd’hui, plus tard aussi d’autres viendront encore, exemple, la famille Gygax.

                         Karl Bodmer, le premier, né en 1834, après des études picturales il se rend en juillet 1829 sur les bords du Rhin pour y croquer les paysages sauvages de ce grand fleuve. Un soir alors qu’il était en train de manger une omelette au lard, un illustre visiteur passe la porte de l’auberge avec son secrétaire qui reconnut Karl Bodmer déjà vu précédemment, son maitre le prince Maximilien de Wied lui est présenté, il est aussi un grand amateur d’arts après quelques temps à parler le prince lui demande, je dois partir pour une excursion aux Amériques voulez vous vous joindre à nous? un oui se fait immédiatement entendre. Apres avoir bouclé ses malles il va rejoindre le prince en Hollande pour embarquer à l’aventure. L’aventure dura quelques années à traverser de l’Est à L’ouest l’Amérique du Nord. Un voyage qui dura trois années, et à la suite duquel il rapporta une quantité de dessins et d’aquarelles très recherchées, ce qui fit sa renommé dans le monde artistique, mais il souhaitais continuer sa formation d’artiste, il s’installe à Paris en louant un atelier au bout de la Rue Rochechouart, par chance un autre artiste qui deviendra célèbre y habite avec sa nombreuse famille, il s’agit de Jean François Millet, ils sympathisent, mais Paris n’est pas le lieu idéal pour créé des œuvres d’art alors Bodmer part à la recherche d’un endroit lus approprié pour la peinture il le trouve à Barbizon, il y invite Jean François Millet celui-ci se laisse convaincre et rejoint Karl Bodmer en 1845 il vint s’installer à Barbizon, nous avons une trace visible de l’arrivée de Karl Bodmer entre le 10 mars et le 19 mars 1854 à l’auberge Ganne, on y apprend qu’il est propriétaire à Paris, certainement avec l’argent des ventes de ces croquis ramené des Amériques, après en 1856 le couple, si l’on peut appeler ainsi car sur l’état de dénombrement de Chailly-en-bière de cette année, l’on peut y voir inscrit Bodmer Karles , artiste peintre âgé de 46 ans avec un femme de compagnie, Marie Pfeifer âgée de 26 ans et le premier de ses enfants Charles Bodmer âgé de 1 ans, né à Barbizon le 11 Septembre 1854 à Barbizon en présence de Eugène Antoine Samuel Lavieille, artiste peintre âgé de trente trois ans, et Charles Gragnot , instituteur âgé de cinquante neuf ans, tous ce petit monde habitant dans la rue Grande , dans un maison où ce trouve aujourd’hui Les Charmettes, juste à coté du couple Eugène Lavieille artiste-peintre ce qui explique le témoignage du voisin et très certainement ami du peintre Bodmer.!

    Il achet une maison à Barbizon en 1856, pour y loger sa famille qui s’agrandit, pour 3000 francs, certainement dans la maison qu’il louait.

                   Nous les retrouvons en 1861 avec leur second fils Rodolphe Bodmer âgé de 4 ans, né le 18 Octobre 1856 à Barbizon, enfant naturel de Anna Marie Madeleine Pfefer, née à Klein-Konigsdorf, en Prusse Rhénanne, fille de Henry Pfeifer, propriétaire âgé de soixante dix ans demeurant audit Klein Konigsdorf et de Anna Maria Meyer son épouse âgée de soixante neuf ans, en présence du médecin accoucheur et de Charles Laurent Jacque témoins majeurs sur la déclaration de Karl jean Bodmer artiste peintre, propriétaire au hameau de Barbizon, à quatre l’ancienne maison était trop petite ou bien trop vétuste, de plus Madame Pfeifer sur l’état de dénombrement est devenue Madame Bodmer, ce qui est curieux puisque le mariage à la mairie ne se fera quand 1876, le 7 Octobre à Chailly-en-Bière, les mœurs de l’époque ont fait de cette dame de compagnie sa femme illégitime.

                         En 1866, la famille s’agrandit encore avec l’arrivée d’un troisième enfant , Henri Adolphe agé de 3 ans, né à Barbizon avec comme témoin le médecin accoucheur François Caillot et Jean François Millet, artiste peintre bien connu, âgé de quarante sept ans, Lainé et de sa famille, en novembre 1867 dans la revue Revue de Paris parait cette curieuse annonce ; »A vendre à l’amiable une habitation de campagne avec grange, écurie, cour plantée de vieux arbres,3 jardins potagers avec 200 arbres fruitiers en plein rapport, le tout contenant environ 2,200 mètres enclos de murs, garnis des meilleurs fruits. La propriété est divisible en deux, ayant chacune une façade sur la Grande Rue de Barbizon, et sortie sur les champs à proximité de la forêt de Fontainebleau. Prix ; 24,000 frc. S’adresser à M. Bodmer, à Barbizon, par Chailly (Seine et Marne) », c’était la maison familiale de Barbizon qui fut racheté par M.Schaller qui construisit l’hôtel des Charmettes que nous connaissons de nos jours, Pourquoi vendre ? 1872, nous les retrouvons après l’épisode de la guerre franco prussienne de 1870, à Barbizon tous ensemble. En 1876 il manque le jeune Henri, oublié par le collecteur de données ? Chez quelqu’un, ailleurs dans une autre ville ? Allez savoir, mais revenons plutôt sur le mariage des parents le 7 octobre à trois heures en la mairie de Chailly-en-bière sont comparut les jeunes tourtereaux, Monsieur Jean Charles Bodmer, artiste peintre âgé de soixante sept ans, chevalier de la légion d’honneur né le 15 février 1809 à Efslingen Egg fils de Henri Bodmer, décédé à FeldKirch (tyrol) en novembre 1839 et de Anne Elisaberth Meier, son épouse aussi décédée à Felkirch le 19 février 1843. Avec Anne Marie Madeleine Pfeffer, agée de 47 ans, née à KleinKonigdorsf(régence de Cologne) fille de Henri Pfeiffer, décédé à Mungersdorf le 30 Octobre 1866 et de Anne Marie Meyers, décédée à Kleinkonisdorf le cinq novembre 1854, qu’il est fait état qu’un contrat de mariage à été passé chez Maître Pujol notaire à Melun le même jour avant la cérémonie, que les futurs époux veulent légitimer par ce mariage les trois enfants n é avant celui-ci ce qui est fait que les témoins présents sont ; Georges Joseph Bergeron, professeur à l’école de médecine de Paris, âgé de 38 ans, chevalier de la légion d’honneur à Paris, de Henri Schliehting, boulanger âgé de 56 ans, demeurant à Paris tous deux amis de l’époux, de Racine André Brand, propriétaire, âgé de 68 ans, à Fontainebleau et de Alfred Jean Philippe Auguste Sensier, propriétaire, chevalier de la légion d’honneur, à Paris .En 1881 c’est au tour de Charles plus âgé puisque l’aîné de n’être pas inscrit sur le tableau qui se répète en 1886 mais là je pense qu’il est parti pour vivre sa voix.

    En 1885 Karl Bodmer porte plainte contre Chaigneau dans cette plainte ci-dessous ;

    DIFFAMATION, DIFFAMATION VERBALE, PUBLICITÉ, RÉUNION D’ARTISTES, CONTRAVENTION, ACTION CIVILE, COMPÉTENCE, JUGE DE PAIX, PRESCRIPTION, QUALIFICATION DES FAITS. — 2° PRESCRIPTION, MATIÈRE CRIMINELLE, ACTION CIVILE.

    1° La diffamation verbale non publique constitue, depuis la loi du 29 juill. 1881 comme auparavant, une contravention assimilée à la contravention d’injure, et, comme telle, réprimée par les peines de l’art. 471, C pén. (1) (C. pén. 471, n. 11 ; L. 29 juill. 1881, art. 33).

    Les propos tenus ou proférés dans une réunion du comité d’une association d’artistes constituent, non le délit de diffamation, mais la contravention de diffamation verbale non publique, les séances de ce comité n’ayant aucun caractère public (2) (L. 29 juill. 1881, art. 23, 33).

    L’action civile basée sur une diffamation verbale non publique est de la compétence du juge de paix (3), et se prescrit par trois mois, par application de l’art. 65 de la loi du 29 juill. 1881 (4) (LL. 29 juill. 1881, art. 33 et 65; 25 mai 1838, art. 5, § 5),

    Il importe peu que le demandeur prétende que les faits dont il se plaint constituent, non un délit ou une contravention, mais une faute civile donnant lieu à l’application des art. 1382 et 1383, C. civ. s’il suffit de se référer à l’articulation pour y reconnaître les éléments de la contravention de diffamation verbale non publique (5) (ld.).

    2° La prescription en matière criminelle (spécialement la prescription de l’action civile portée devant la juridiction civile) peut être opposée en tout état de cause et même en appel (6) (C. instr. crim. 637).

    (Chaigneau C. Bodmer). — ARRÊT.

    LA COUR;— Considérant que Bodmer articulait, en premier lieu, que, depuis 1871, Chaigneau avait rédigé ou fait rédiger, dans

    le journal le Châtiment, des articles calomnieux de nature à porter atteinte à sa considération, et qu’il s’était reconnu, devant différentes personnes, l’auteur de ces articles, et, en second lieu, que, depuis la même époque, Chaigneau n’avait cessé de le calomnier verbalement, et qu’il l’avait, devant différents membres de la Société des artistes peintres, accusé d’avoir trahi les intérêts de la France en 1870 et 1871; — Considérant que les premiers faits articulés constituent incontestablement le délit de diffamation par la voie de la presse; qu’ils sont couverts depuis longtemps par la prescription de trois mois, aux termes de l’art. 65 de la loi du 29 juill. 1881 ; — Considérant que les derniers faits constituent une diffamation verbale non publique, assimilée à la contravention d’injures, et, comme elle, punie par l’art. 471, C. pén. ; qu’en effet, la présence d’un certain nombre d’artistes n’est pas de nature à faire naître la circonstance de publicité qui donnerait à ces faits le caractère du délit de diffamation; qu’il en serait encore ainsi, lors même que lesdits faits se seraient produits dans une réunion du comité de l’association des artistes peintres, les séances de ce comité n’ayant aucun caractère public ; — Considérant que l’articulation de Bodmer n’énonce aucune date ; qu’en tous cas, les faits dont il se plaint de ce chef remonteraient au moins au 10 mars 1882, jour auquel le comité des artistes peintres a refusé de l’admettre au nombre des membres de l’association, et qu’ils sont également soumis, à la prescription de trois mois, édictée par l’art. 65 de la loi de 1881 ; — Considérant, en effet, que, si Bodmer adonné assignation à Chaigneau le 29 mai 1882,il n’a, depuis lors,fait aucun acte de poursuite jusqu’au 22 nov., date à laquelle il a signifié ses conclusions d’articulation ; qu’il a donc encouru la déchéance prononcée par la loi susvisée; — Considérant, d’ailleurs, que le tribunal de première instance était incompétent pour connaître de la demande de Bodmer, en ce qui touche la seconde partie de son articulation, la loi du 25 mai 1838, dans son art. 5, attribuant aux juges de paix la connaissance des actions civiles pour diffamation verbale et pour injures autres que celles adressées par la voie de la presse; — Considérant qu’en vain Bodmer a fait plaider que les faits dont il se plaint constitueraient, non un délit ou une contravention, mais une faite civile tombant sous l’application dès dispositions de l’art. 1382, G. civ. qu’il suffit de se reporter à son articulation pour y reconnaître;

    Considérant que la prescription peut être opposée en tout état de cause et même en appel; que Chaigneau est donc fondé, en droit comme en fait, à opposer ce moyen à l’action de Bodmer; —Par ces motifs; — Infirme…; Déclare l’action de Bodmer prescrite et, par suite, non recevable, etc. Du 19 mars 1885. — C. de Paris, 6e ch. — MM. Choppin, prés. ; Martinet, subst.; Paul Faure et Jullemiér, av. les peintres entres eux n’avaient que des bons rapports !.

    Karl Bodmer acte de décès enregistré à la mairie du  14° arrondissement de Paris
    Archives de Paris Etat civil acte de décès de Karl Bodmer peintre

              En 1891 là seul deux frères se retrouvent sur l’état de dénombrement, Charles, photographe et Rodolphe, artiste peintre, les parents sont ailleurs à Paris où bien en voyage en Suisse. 1896 plus personnes, le père étant décédé le 30 octobre 1893 à Paris, mais demande à se faire inhumer à Chailly-en-bière ce qui fut fait, son atelier est mis en vente à Drout les 25,26 et 27 avril 1894, un superbe article nous fait visiter le cimetière où y est la dernière demeure de Karl Bodmer :

    « A CHAILLY

    A un kilomètre du village, au bout d’un chemin tournant qui prend à gauche sur la grande route, est le cimetière on y arrive ainsi en traversant une futaie d’arbres immenses, à travers lesquels on aperçoit les alignements réguliers des sapins sombres.

    Auprès du mur d’enceinte, un quartier de roche éboulée à une époque sans doute préhistorique émerge du sol, et se creuse en une sorte de vasque où de l’eau séjourne, et cela semble un bénitier placé à l’entrée du champ de repos, comme à la porte d’une église.

    Un porche dans lequel est scellée une grille de fer à panneaux pleins jusqu’à moitié, montre, dans le milieu de son cintre, un écusson grossièrement sculpté au temps, jadis, les .armoiries desseigneurs ̃d’autrefois ̃ une hache d’armes dont la lame est formée d’une main vue à plat, les doigts allongés.

    Dans le cimetière, divisé en quatre carrés égaux par deux routes larges avec, en leur milieu, une grande croix de fer, les tombes sont alignées sur trois et quatre rangées, un petit sentier laissé libre au long du mur deux grands caveaux seulement se distinguent en forme de chapelles, l’un disposé comme une crypte où mènent des degrés scellés dans le sol.

    Soigneusement entretenues, décorées d’une profusion de perles et de souvenirs sous verre en des cadres, presque toutes entourées d’une grille de fer peinte en blanc, les tombes ont ou la croix de pierre ou la dalle ordinaire: pas de colifichets prétentieux de sculpture, pas d’ornements à profusion, non plus d’inscriptions ampoulées et emphatiques il règne là une simplicité égale à celle des mœurs mêmes du village, et l’on ne sent partout que l’expression juste d’une douleur sincère, un culte pieux rendu aux morts.

    Dans des médaillons, çà et là, des photographies ici une jeune femme dont le sourire-stéréotypé Semble étrange en ce lieu, là un garçon de vingt ans, a la figure maigre, des yeux déjà agrandis par la fièvre, et dont la tombe riche est entièrement couverte de couronnés, de verroteries contenant des sujets de porcelaine, le tout dans une tonalité blanche qui, de loin, fait croire à la sépulture récente d’une vierge enlevée à la fleur de l’âge;

    A côté de maîtres de poste inconnus, ou oubliés, de bourgeois retirés deux artistes célèbres reposent des blocs de rochers qu’enserrent des rameaux tortueux de lierre et au long desquels poussent des houx, et sur la pierre.principale ces seules lettres tracées en caractères simples

    THEODORE ROUSSEAU

    PEINTRE

    Une grande pierre, que domine une croix à laquelle des couronnes sont accrochées et sur laquelle on lit ;

    JEAN-FRANÇOIS MILLET

    « PEINTRE «

    NÉ LE » 4 OCTOBRE 1815

    A GRÉV1LLE-KAGUE (-MANCHE)

    MORT LE 20 JANVIER I875

    A BARBIZON •

    Auprès, à l’ombre d’arbres verts plantés, symétriquement, .une longue inscription indique le tombeau de là, famille Sensier, –Alfred Sensier, l’ami et le biographe des deux-peintres.

    Les sépultures-pauvres sont presque toutes au fond du cimetière, en descendant la grande avenue du milieu: des tertres tassés avec simplement une croix de bois noir où le nom de l’enseveli est peint entre des larmes grossièrement dessinées là aussi sont les tombes abandonnées dont la place même.disparaît sous un enchevêtre- ment d’herbes et de ronces, une sorte de fouillis pittoresque qui empêche de lire les inscriptions et qui voile de verdure ce qui reste de nous ici-bas un nom et c’est là un dernier asile qu’on désirerait, dormir inconnu dans ce’petit cimetière de village où l’on voit se diriger pieusement le dimanche les vieilles femmes courbées par l’âge, dévotes respectables de leurs chers défunts, et où dans le grand calme ami per arnica siïëniia de la campagne, le repos éternel doit être plus

    C’est là qu’on a conduit doux qu’au sein des cités tumultueuses…mercredi dernier le pauvre vieux peintre Karl Bodmer à l’époque où les artistes avaient organisé dans les bureaux des Annales politiques et litteraires une tombola au profit de l’artiste et de sa femme, j’ai longuement parlé de lui aux lecteurs de la Patrie, j’ai évoqué son talent prestigieux de naturiste, j’ai narré mes souvenirs personnels alors qu’à Barbizon je connus Bodmer déjà malade, presque aveugle et sans ressources. A l’annonce de sa mort j’ai voulu décrire son dernier asile, celui qui lui sera moins cruel que ne lui fut cette terre.

    MAURICE GUILLEMOT.

    tombe de Karl Bodmer

    Figure 1 tombe de Karl Bodmer à Chailly en Bière

    Sa veuve meurt en 1903.

    Quand aux enfants, nous trouvons la trace du photographe Charles Bodmer, par exemple, il est décoré du mérite agricole pour avoir collaboré à tous les concours généraux agricoles depuis 1884. Nombreuses récompenses dans les expositions et concours. Chevalier le 7 janvier 1895 pour ces photographies animalières dans des publications ;la Revue universelle de 1904 y porte des photographies d’animaux de Charles, un livre Le concours beurrier de Rouen (30 mai – 2 juin 1907) publié par la société centrale d’agriculture de la Seine Inférieur, agrémenté de 31 photographies dudit Charles, en 1914 dans la revue La Terre des photographies de Charles sont reproduites, des moutons,en 1919 des reproductions de tableaux sont incluent dans le livre Le style moderne ; l’art de reconnaître les styles de Émile Bayard éditions Garnier frères(Paris), en 1920 une trace de lui par des photographies de percherons dans le journal l’Agriculture Moderne du 06/1920. Nous savons que Charles meurt en 1937.

    Rodolphe le plus connu à Barbizon du fait de sa vie pittoresque nous est livré par André Billy dans son livre Les Beaux Jours de Barbizon ; il nous parle de Rodolphe fils peintre comme sont père des animaux de la forêt de Fontainebleau mais avec une tendance plus terre à terre, il préférait les chasser, de plus en braconnant, l’hôtel des Charmettes jusqu’à une époque pas très éloigné de nous avait une collection de tête de cerf sur ces murs !Il vivait de tous et d’un rien, surtout d’un rien ! Une ardoise énorme à cette hôtel l’avait obligé à se déssesir pour mettre en gage son portrait, ses fusils, un grand couteau de chasse, ainsi qu’un morceau de peau de sanglier avec ses poils, où M. Rouveyre écrivit ; « fragment de la barbe de Théodore Rousseau », les visiteurs pour la plupart en voyant cela se figuraient effectivement avoir entre les mains une relique du grand peintre, Un tableau, un philosophe lisant de Rembrandt, dont l’auteur nous dit qu’il a vu le même à Bruges ne laissait personne se faire prendre, mais un rentoilage au premier empire le rendait plus intéressant, le clou de cette collection étant une coupe florentine en bronze. Tout cela servant de garanti pour les vingt-cinq mille francs d’ardoise en breuvage de tout genre, peut de temps avant sa mort, Rodolphe vendit le tableau pour treize mille francs, aussitôt il loua une voiture chez M. Delouche et parti faire le tour du village payer une partie de ces dettes. En 1907 il avait encore fier allure, Haute taille, grandes jambes, voix profonde, accoutrement de coureur des bois, son logis était à l’avenant, une maison de la misère situé à une extrémité du pays presque dans les bois, que l’on appelait les Chimères, il habitait aussi Paris où il amenait ces chiens les derniers qu’on lui connaît Diabolo et Domino, attendaient patiemment le retour de leur maître dans les longues soirées parisiennes. André Billy nous apprends que pendant la première guerre il passa avec Rodolphe à Barbizon un hiver dans une maison, l’Abri qu’il gardait, les sangliers venaient les soirs piétiner jusque sous les fenêtres !Une autre anecdotes l’affaire Landru battait les premières pages et les discussions des bars , André Billy avec d’autres amis eurent l’idée de faire croire qu’un cadavre en rapport avec cette affaire venait d’être découvert en forêt de Fontainebleau pour y attirer la presse parisienne et permettre à notre Rodolphe de tenir son parterre de journaliste avec de temps en temps un verre pour se rafraîchir le gosier, un mot dans un journal et se fut la ruée, Rodolphe dans sa trop grande éloquence éventa le canular et l’affaire ne dura point assez longtemps, une heure avant sa mort il réclamait son apéritif se qui fit dire de lui qu’il était philosophe et très courageux , il est enterré à Barbizon .

    Figure 2 Rodolphe Bodmer à Barbizon

    Tombe de Rodolphe Bodmer au cimetière de Barbizon.

    Son frère Henri Bodmer, lui aussi porté sur les animaux par atavisme parentale écrivit un livre remarqué et connaisseur sur le braconnage, en 1901,qu’il dédicace à Jean Follin sont meilleur ami, où les espèces animales sont détaillées et les types de chasse y sont expliqués avec forces détails, il a dû être conseillé voir accompagné par son frère Rodolphe, pour y avoir inscrit tout ces histoire de braconnage et la vie de la faune grande ou petite de la forêt, mais le reste de son histoire personnel nous est inconnu à ce jour.

    des nouveautés sur les Bodmer

  • Les Frères Farman

    Notice biographique Né à Paris le 26 mai 1874, d’ origine anglaise ( enregistré à l’ Etat civil britannique sous le prénom Harry ), Henri est le fils cadet d’un couple de journalistes britanniques : Thomas Farman est correspondant à Paris du Daily Telegraph et du Standart de Londres . Doué d’un réel talent pour la peinture , il est admis à l’école nationale supérieure des Beaux-Arts. Mais dès 1892, passionné de vitesse , il consacre la plupart de son temps à des courses : de bicyclette où il acquiert une grande popularité, de tandem (avec son petit frère Maurice ), de triplette, de moto , puis de voiture . Un grave accident automobile en 1904 sur le circuit d’ Auvergne le contraint à un repos forcé au cours duquel il va découvrir l’ aviation naissante qu’il juge moins dangereuse ! Deux dates importantes ont marqué ses débuts dans l’aéronautique : Le 13 janvier 1908, il effectue le premier vol contrôlé sur une distance d’un kilomètre, avec retour au point de départ (en circuit fermé). Le 30 octobre de la même année, il effectue le premier vol de ville à ville sur une distance de 27km dans la Marne. « Premier de tous les hommes, il a volé devant des hommes, en comprenant ce qui lui permettait de voler » disait Paul Painlevé dont il avait été le passager. Il obtient le brevet de pilote n° 5 délivré par l’Aéro- club de France. Les meetings aériens se succèdent à un rythme effréné dans toute l‘ Europe . Henri Farman montre toutes ses qualités de pilotes à Doncaster et Blackpool en Angleterre . Il brille de nouveau à Cannes et Nice en avril 1910 et dans la course Londres- Manchester. Henri Farman est aussi un ingénieur puisqu’il crée, avec son frère Maurice, de nouveaux types d’aile et d’ aileron , fabrique des moteurs et construit des avions . En 1911, il ouvre la première école de pilotage sans visibilité à Toussus-le-Noble. Comme son frère Maurice, Henri Farman réalise un grand nombre d’appareils en version militaire, ayant compris que l’Armée devenait un client sûr. Quatre escadrilles d’avions Henri Farman (HF) sont mobilisées en 1914. Il constitue l’une des premières compagnies aériennes françaises ouvertes au public et inaugure 8 février 1919 la ligne commerciale aérienne entre Paris et Londres à bord d’un Farman « Goliath ». Le 7 mai 1920, Maurice et Henri Farman créent la Société Générale des transports aériens (SGTA), remplaçant les lignes Farman. Le 30 août 1933, la SGTA est absorbée par la nouvelle compagnie nationale Air France. Des bombardiers Farman « Goliath » sont mis en service dans l’Aéronautique militaire dès 1923. Les archives de la firme ont été totalement détruites dans les années 1940 par les bombardements des usines Farman de Billancourt (92). L’autodafé des documents techniques officiels a rendu difficile l’ histoire de cette entreprise familiale. Fort de leurs expériences aéronautiques, les frères Farman créés également une entreprise de construction d’automobiles de haut de gamme pour rivaliser avec les Hispano-Suiza et autres Rolls-Royce de l’époque.

    Marié à Henriette DELOT, Henri Farman est naturalisé Français en 1937 et fait supprimer officiellement le « Y » de son prénom, quoique jugeant la chose sans importance. Il s’éteint à Paris le 17juillet 1958 à l’âge de 84 ans, sans descendance. Il ne négligea jamais son goût pour les arts et peignait des natures mortes. Ingénieur, constructeur et pilote, sa devise aurait pu être : « plus loin, plus vite, plus haut ». Sur sa tombe, au cimetière de Passy (75), est inscrit : « HENRI FARMAN A DONNÉ DES AILES AU MONDE » Il est à noter que la famille Farman a fourni d’autres aviateurs : les deux fils de Dick Farman (frère aîné de Henri), Pierre (1913-1998) et Francis , ainsi que Marcel , fils de Maurice, ont été pilotes de chasse dans l’Armée de l’ air.

    Madame Henry Farman

     Henri Farman

    Henri Farman, est né le 26 mai 1874 à Paris. Elevé chez son père, il y respire une atmosphère de haute et libre culture. Guidé par une mère artiste, il acquiert le goût des belles choses. C’est tout naturellement qu’il rêve de se faire un nom. En 1892, il fait du sport à bicyclette et gagne ses premiers 100 km, puis vient l’automobile pour laquelle il se passionné. EN 1904, il dépasse le 100 km/h de moyenne au circuit d’Auvergne. Un virage pris un peu trop vite l’envoie dans le ravin.

    Enfin, il est « pris » par l’aviation, après avoir rêvé, le crayon à la main devant des corps nus ou des paysages. Ce n’était pas la meilleure préparation pour celui qui tracera un jour, à la craie, sur une table, la forme d’une aile à laquelle il suspendra sa vie.

    Février 1907, Henri Farman fait ses comptes : il a économisé plus d’un demi-million-or. Il réalise son premier avion dans un hangar à Mourmelon. Il est si pressé d’en finir que cela tient parfois avec des ficelles. C’est avec des ficelles entre les dents et d’autres nouées aux pieds qu’il accomplit un vol de 1 km en circuit fermé, le 13 janvier 1908. Il s’installe sur le territoire de Louvercy, ce village construit « en briques sombres et couvert de tuiles ». On peut atterir partout, s’envoler de mille endroits. Avec Kieffer, dit « Charlot », ils se firent charpentiers, ce sont les deux premiers ouvriers de l’ »Usine Farman ».

    Le 1er mars de la même année, c’est le premier vol contrôlé de Farman pendant 1h47 au-dessus du « Petit Mourmelon » et de Louvercy. Farman choisit le voyage de Mourmelon à Reims, il l’étudie en voiture, à bicyclette, à pied, il fait et refait l’itinéraire. Voisin et Guérin sont dans la confidence. Le 30 octobre 1908, à 15h30, il part de Bouy où il attérit 20 minutes après pour 27 km à Reims. Il a battu le record du monde de vitesse. Il raconte : « Ma tranquillité a été de courte durée. Voilà le moulin à vent de Mourmelon-le-Petit… Bah ! pensai-je, on ne meurt qu’une fois ! Le moulin, le chemin de fer, le village de Louvercy, je passe par dessus. Ce jour, j’ai goûté la plus grande joie de ma vie. ». Alors que dans les champs, les paysans s’enfuyaient par bandes. Puis il relie Châlons à Reims sans incident.

    Il a trente six ans, il monte une usine et le premier avion dirigé sur Mourmelon où vingt concurrents apprennent à voler : Blériot, Voisin, Lathan… Ceux-là même qui feront au Président Fallières la jolie réponse à la question : « qu’étiez-vous dans le civil avant d’être pilote ? », « Hommes du monde M. le Président ». Farman raconte qu’un de ses premiers élèves, à Mourmelon, sentant son appareil quitter le sol, a , de peur, sauté, son aéroplane lui est passé sur le corps sans dommage.

    En juillet 1909, Blériot traverse la Manche. En août 1909, à la Grande semaine d’aviation de la Champagne qui amènera une immense foule. Farman vole à 70 km/h pendant 2h43. Lathan est battu. Il remporta également le prix des passagers avec 2 passagers à bord en volant à la vitesse de 53 km/h en 10 min 39 s. En 1910, Farman réalise un vol de 232 km en 4h17 à une hauteur de 453 mètres. A l’occasion de la coupe Michelin le 18 décembre, il bat le record de temps avec plus de 8 heures de vol. En juillet 1938, Farman assiste à l’inauguration du monument érigé au carrefour du camp en l’honneur des héros de l’aviation.

    Il s’éteignit le 18 août 1958 à Paris.

    DICK FARMAN 1872 – 1940

     Jeune ingénieur électricien, construisit au Brésil les premiers tramways électriques de la ville de Rio.

    Auteur de nombreux ouvrages techniques sur les moteurs, pilote en 1912, dirigea pendant la guerre de 14-18, une usine d’aviation à Lyon.

    Après la guerre, fonde avec ses deux frères la société HMD FARMAN à Boulogne-Billancourt.

    Tandis qu’Henri et Maurice se livrent à une véritable concurrence à l’intérieur de la société, Dick apaise souvent les tensions des deux frères

    Paradoxalement en depuis de ses connaissances techniques et scientifiques, s’occupera du service administratif et commercial où son côté très humain est unanimement reconnu de tous. Les nationalisations de 1936 mettent fin à sa carrière ; Il en conçoit un très vif chagrin et mourra en 1940.

    Maurice Farman

    Né à Paris en 1877 mort en 1964 à Paris, il s’intéresse comme son frère au cycle ou il remporte quelques prix et dotations qui lui permet de prendre part à des courses automobiles.

    Il construit des voitures en s’associant avec M. Neubauer sur les Champs Elisée ce qui lui facilitera la vie pour se lancer dans la construction aérienne.

    En 1909 il construit son premier avion biplan à moteur  REP de 40Ch avec l’ingénieur Neubauer. Le 9 décembre 1909 après quelques vols l’appareil couvre 70 Kilomètres en 59 mn. Il établit un autre records avec au commande le pilote Fourny, sur un durée de 2H 1m. et 29s. en 1911.

    IL s’associe avec son frère dans la fabrique d’appareils volants.

    Puis dans la création des lignes aériennes Farman avec ses deux frères :

    La Société générale des transports aériens ou SGTA (souvent appelée Lignes Farman) a été créée en 1924 par Henri, Maurice et Dick Farman, avec un capital de douze millions de francs.

    But : école et transports aériens

    Siège : 167, rue de Silly à Boulogne-Billancourt

    Centre : Toussus-le-Noble (Yvelines)

    La SGTA a été créée afin de faire face à la mutation mondiale du transport aérien. La première décision fut la spécialisation du personnel en personnel d’essai et personnel de ligne. La gestion du trafic fut également rationalisée en faisant apparaître la notion de passager-Kilomètre ainsi que du kilogramme-Kilomètre pour le chargement et la poste

    Course automobiles :

    1989 : Maurice est 2° du Paris-Bordeaux ;

    1901 Circuit du sud-Ouest Pau 17 Février 1° Maurice sur Panhard 24HP ;

    1902 Circuit du Nord Paris- Arras- Paris 15/16 Mai   1° sur Panhard 40HP ;

    1902 Paris Vienne Henri sur Panhard Levassor ;

    article de presse parut  dans la revue :  les ailes du  12 avril 1934 Farman aérodrome de Barbizon.

  • La vie trépidante de la Ligne T.S.M.

    Pour ceux qui souhaitent connaitre l’historique complète des lignes d’intérêt local en Seine et Marne, et à Melun, avant l’arrivée du tacot à Barbizon.

    C’est en 1866 que commence l’histoire de la ligne Melun-Barbizon ou plutôt sud de la seine et Oise. Des jalons furent posés pour commencer …. la campagne électorale proche seulement. Puis le Ministère de la Guerre s’opposa à la création de cette ligne. C’est seulement En septembre 1894 que l’affaire devient sérieuse avec le projet de Messieurs Nabias de Barbizon et l’ingénieur Larmoyer. Le développement de cette affaire prendra fin en 1899 avec l’inauguration de la ligne.

    1897 : décret du 12 Octobre 1897 promulguant d’utilité publique la création d’une ligne de tramway entre Melun et Barbizon au journal officiel.

    Suite aux divers rapports officiels en date du 9 novembre 1985, du conseil général de seine et marne des 30 janvier, 23 avril et 23 octobre 1895 et la convention passée entre le département représenté par le préfet et M. Nabias pour la rétrocession de l’entreprise en date 30 septembre 1897 et l’engagement du 18 aout 1896, suivi d’autres autorisation des ministère de l’intérieur et de la guerre de la même année le projet peut sortir des cartons pour être mise en œuvre. La concession est établi pour une durée de soixante cinq ans !

    Le 5 Décembre 1898 une lettre de l’ingénieur des ponts et chaussées de Seine et Marne indique des pétitions dans le sens et son contraire, pour l’autorisation de la ligne Melun-Barbizon ont été déposées en préfecture, une demande de réunion, avec les maires de Dammarie les lys, Chailly en Bière et Melun, soit provoqué pour cela.

    Le 26 mars 1899 Inauguration officiel de la ligne Melun-Barbizon.

           Par ces quelques mots on voit bien que la création du Barbizon moderne, celui qui le fait entrée dans le XX° siècle est lancée. La plupart des grandes maisons, voir des maisons bourgeoises de Barbizon sont donc en grande partie lancées par la venue du tramway à Barbizon, cela a permis aux parisiens fortunés et autres grands de ce monde de se faire construire une résidence secondaire en bordure de la forêt de Fontainebleau pour y passer des weekends ou des vacances pour le plus grand bien de leurs familles et de leurs ami(e)s. La venue aussi des hôtels de Barbizon qui n’étaient pas présents, vont permettre d’amener une quantité énorme de visiteurs de plus loin pour y coucher et gouter aux joies du bonne air et de la fraicheur de l’été.

    reproduction du bulletin des lois portant création de la ligne Melun Barbizon en tramway.

    Il ne reste plus qu’à construire cette ligne pour permettre aux visiteurs de prendre le train à Paris, Gare de Lyon, par le P.L.M. qui les conduira à la gare de Melun, puis par une correspondance avec le tacot arrivé à Barbizon, en passant par Melun, Dammarie-les-Lys Chailly-en-Bière et Barbizon terminus de la ligne.

    reproduction d'une carte postale avec les voies de chemin de fer de la gare de Lyon
    carter postale montrant les lignes de train dans le grand hall de la gare de lyon
    Carte postale montrant les travaux de doublement des voies à la gare de Melun
    Melun doublement des voies à la gare de melun
    descente du train des voyageurs se rendant peut être à Barbizon en prenant le tramway en face de la gare

    Faut il y voir, avec l’arrivée du tramway, un début d’indépendance de Barbizon, qui ainsi se passait de Chailly-en-bière pour la logistique et pouvait compter les visiteurs de Barbizon de ceux de Chailly ?.

    L’époque se prêtait à la venue de trains de ligne dit secondaires, lancé par Napoléon III pour faire entrer la France dans le monde industriel, déjà en retard par rapport à l’Angleterre. Donc ce train à voies étroites, permettait de faire venir des centaines de visiteurs par jours, les faire dormir sur place, voir enfin de leurs yeux cette fameuse école de Barbizon, les peintres étaient pour la plupart morts ou retournés dans leurs pays.

    vue de l’arrivée du tramway remontant la pente avant de s’arrêter devant la gare
    la montée infernale par temps de gel les voyageurs descendaient du tramway pour facilité la montée de la rame.
    presque arrivée à la gare de Chailly en bière avant le terminus Barbizon.

    Barbizon est ainsi passé du monde rurale avec la patache qui amenait les visiteurs de la gare de Melun et avant de la gare de Corbeil, à l’ère moderne, mais une autre invention allait portée un coup fatale au tacot,  la voiture, il faudra encore quelques décennies mais déjà avec la première guerre mondiale, le trafic passager se réduit de façon drastique, les années après guerre ne relance pas suffisamment et la voiture est déjà bien lancé avec aussi l’arrivée des cars et autres liaisons collectives motorisées.

    un procès verbal du conseil municipal de Barbizon en date du 25 avril 1936 fait état que, suite à l’alignement du chemin de grande circulation n°64 la commune de Vitry sur Seine propriétaire de l’aérium du même nom, souhaite acquérir l’ancienne gare enclavée dans la parcelle sans doute par abandon du gestionnaire du réseau du T.S.M., la mairie ne s’y oppose pas mais fait remarqué qu’avant la gare se trouvait en face de l’autre coté de la chaussée.

    prospectus pour des voyages touristiques

    C’est après le seconde guerre que la ligne connaît de grave difficultés, déjà par la réquisition des locomotives pour l’effort de guerre, et le temps ne se prête plus à ce moyen de locomotion lent bruyant dangereux pour les riverains, passagers et autres animaux, sans compter le temps qui par fort froid et grive obligeaient les passagers à descendre pour permettre à la loco de tirer le convoi dans les pentes de Dammarie les lys, de la Glandée et de la Crête avant d’entrée à Barbizon! Le 10 Juillet 1941 une vente de 30 000 frs est effectué sur la commune de Barbizon, est-ce la cession des terrains du terminus qui ne servait plus vraiment

    Il semble que la ligne devait s’arrêter au carrefour du village et non traverser comme elle est représenter sur les cartes postales.
    le retour vers chailly en bière le virage de la Grande rue et la route de chailly
    Arrêt du train devant les Charmettes
    Carte photographique d’une équipe devant leur locomotive.

    La fin est proche, le département de Seine et Marne qui devait combler les déficits de l’entreprise, pris des mesures pour arrêter l’exploitation, après guerre, les rails sur la routes départementales furent enlever, puis les communes firent de même, aujourd’hui il ne reste quelques vestiges de ce passé, à Chailly en bière, la maison qui abritait le personnel à la l’arrivée de la seconde ligne Chailly en bière Milly la foret, à Barbizon un garage Grande Rue est à peut prêt au même endroit que la Gare du terminus.

    La gare terminus de Barbizon le train est déjà prêt pour le retour vers la gare de Melun
    la gare de chailly en biere lieu de stationnement du matériel avec un dépôt et un atelier de réparation.
    plan avec Deux arrêts obligatoire et d’autres conditionnels non représentés.

    Pour les nostalgiques une association détient une locomotive de même nature que  celle ci dessus;

    http://www.ajecta.org/

    En novembre 1909 une demande du conseil pour retablir le dernier train de 19H15 pour Melun.

    1910 problème de tramway qui fait descendre les voyageurs pour Barbizon à la gare de Chailly en bière., de plus il semble que le courrier de la boite à lettre fixée sur le tramway ne soit pas déposer à la poste.

    1911 demande du conseil pour que le train ralentisse à l’entrée et dans le village.

    1912 demande du conseil au vue de la disposition de la direction du tramway qui fait voyager dans des fourgons à bestiaux ou à bagages. nombreux désaccords entre les horaires d’arrivée des train en gare de Melun et le départ des rame de tramway pour Barbizon.et dans l’autre sens aussi! encore une récrimination sur les horaires sans correspondances le 17 octobre. Protestation pour réparer les voix du tramway dans Barbizon

    1914 plainte pour le transport dans des wagons non conformes pour les voyageurs en décembre encore pour que les trains s’arrêtent à Barbizon et pas à chailly. fin aout 1915 pareillement les trains s’arrêtent à chailly et les voyageurs doivent se rendre par leurs propres moyens à Barbizon;

    1918 Monsieur Ernest Révillon fait une quête pour remplacer la boite aux lettres du tramway.

    1919 protestation concernant un soucie entre les prix du billet Paris Barbizon et Barbizon Paris une différence de 1francs ne s’explique pas. Finalement le 17 aout 1919 le conseil demande le retrait des rails et donc la fin de la circulation du tramway dans le village.

  • Fascicule O.T Barbizon

    Un fascicule du syndicat d’initiative de Barbizon entre 1979 et 1983, 30 pages  couleurs pour la couverture et noir et blanc pour les pages intérieures.Il regorge d’informations, les commerces et noms dans ce fascicule sont pour la plupart inexistant aujourd’hui. Par exemple sur la listes 15 hôtels et restaurants de cette époque:

    7 aujourd’hui ont conservé leur nom d’origine

    6 ont entièrement disparu

    2 ont changé de nom.

    Cela participe au changement sociétal du village, passant d’un village touristique à un attrait pour les touristes . Un fascicule remplit de publicité sur les commerces de Barbizon et alentours, un historique du village avec un condensé en anglais, un autre en japonais, un plan succinct du village, une listes peintres venues à Barbizon ainsi que  leurs successeurs actuelles  , la liste des hôtels et restaurants.

    Une mine de renseignements potentiel .